Mieux comprendre les neuromythes pour mieux apprendre!

Par Marie-Pier Savard

Connaissez-vous les neuromythes? Mais quel est cet insecte? Qu’est-ce qu’il mange en hiver?

Probablement que vous n’avez jamais entendu parler de cela auparavant. Pourtant, ils sont bien présents dans nos pensées et nos façons d’agir en éducation.

 

Qu’est-ce qu’un neuromythe?

Un neuromythe est une fausse conception en lien avec le fonctionnement du cerveau (Pasquinelli, 2012). Lors de l’enseignement-apprentissage, il importe de connaître le véritable fonctionnement du cerveau et non de s’accrocher à des neuromythes. En tant que parent ou enseignant, cela nous fera économiser du temps, de l’énergie et même, parfois, de l’argent.

Pourquoi les neuromythes existent-ils?

Les neuromythes existent non pas par manque de connaissances sur le cerveau ou par manque d’intérêt sur le sujet. En effet, la persistance de ces croyances erronées est principalement causée par le fait que les résultats scientifiques sont mal rapportés dans les médias ou dans les lectures. Il est donc primordial de vérifier la fiabilité des sources utilisées.

 

Les principales conceptions erronées (neuromythes) :

  • Les apprenants apprennent mieux quand les apprentissages sont effectués selon leur style d’apprentissage (auditif, visuel, kinesthésique, etc.). Selon plusieurs études, les résultats sont incompatibles avec la théorie des styles d’apprentissage. Le cerveau a besoin de répétitions et de différents contextes pour apprendre.  Il est vrai que nous pouvons avoir une préférence, mais nous ne mémorisons pas nécessairement mieux les notions en utilisant notre style d’apprentissage préféré.

 

  • Les différences au niveau des deux hémisphères du cerveau et de leur dominance (cerveau gauche, cerveau droit) influencent les différences entre les différents apprenants. Cette conception erronée n’est pas appuyée par la recherche. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de différences entre les cerveaux des différents apprenants, bien au contraire. Par contre, la dominance de l’hémisphère gauche (raisonnement) ou droit (créativité) ne permettent pas d’expliquer les types d’apprenants.
  • Les exercices de coordination peuvent aider à l’intégration des fonctions entre les deux hémisphères du cerveau. La recherche invalide que les courtes séances d’exercices de coordination comme Brain Gym améliorent la collaboration de l’hémisphère gauche et de l’hémisphère droit du cerveau. Ainsi, cela ne permet pas de développer de meilleures fonctions entre les deux.

 

  • L’enseignement devrait tenir compte des intelligences multiples, c’est-à-dire du profil d’intelligence prédominant (musicale, interpersonnelle, logicomathématique, etc.) de l’apprenant. Plusieurs recherches scientifiques n’appuient pas cette théorie. Cela ne veut pas dire de ne pas respecter les préférences des élèves.  Mais, encore une fois, je répète que le cerveau retient et, donc, apprend par la répétition et les contextes variés.

Plusieurs autres neuromythes existent, en voici quelques autres :

  • « Il n’y a pas de temps à perdre, car pour le cerveau tout se joue avant l’âge de trois ans. »
  • « Il existe des périodes “critiques” où certains enseignements/apprentissages sont indispensables. »
  • « Mais j’ai lu quelque part que nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau de toute façon… »
  • « Il faut bien reconnaître que le cerveau de l’homme est différent du cerveau de la femme. »
  • « Le cerveau d’un jeune enfant ne peut correctement apprendre qu’une seule langue à la fois. »
  • « Améliorez votre mémoire ! »
  • « Apprenez en dormant ! »
  • « Boire moins de 6 à 8 verres d’eau par jour peut réduire la taille du cerveau. »

Bref, il est important de s’informer auprès de sources fiables avant de se lancer dans des méthodes d’enseignement-apprentissage qui n’ont pas été appuyées par la recherche.  La connaissance des neuromythes nous permet d’orienter notre enseignement-apprentissage dans une autre direction plus probante selon les études en éducation et en neurosciences.  Par contre, il faut faire attention de ne pas déformer les neuromythes!

 

Sources :

Allaire-Duquette, G. (2017), notes de cours DDD828I – Neuroéducation et didactique générale, automne 2017, Université du Québec à Montréal.

Blanchette Sarrasin, J. et Masson, S. (2015), Neuromythes et enseignement, connaître les mythes sur le fonctionnement du cerveau pour mieux enseigner, Association canadienne d’édication, p.32 à 35.

Masson, S. (2015), Les apports de la neuroéducation à l’enseignement : des neuromythes aux dévouvertes actuelles, A.N.A.E, N˚134, mars 2015, p.11 à 22.

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